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airplane

Après trois ans d’études en école d’Art et de Design, j’ai ressenti le besoin de partir. J’en avais assez de voir les mêmes gens, les mêmes professeurs, les mêmes façons de travailler. J’avais l’impression que si je restais deux ans de plus dans la même école, je ferais du sur place. Alors, j’ai décidé de partir faire mon master à l’étranger, profiter de ma liberté pour m’expatrier.

Partir
J’avais d’abord l’idée de partir en SVE (le service civique européen) pour aussi faire une pause dans mes études, prendre du recul. J’avais tout de même tenté des écoles à côté, pour m’entraîner. Je les avais choisies pour leurs programmes en anglais et leurs philosophies sur le design. Je cherchais des établissements qui correspondent à mes envies. Le pays, la ville c’était secondaire. Quelques mois plus tard, je recevais un mail d’admission à l’école de Kolding, une petite ville du Danemark. Voyant mon projet de SVE patauger, je décidais d’y aller.

Cela s’est suivi de deux mois de recherche de logement, de passages à la banque, de recherches sur les démarches administratives dans le pays. J’ai fini par trouver un appartement en collocation avec une Allemande, et mes parents ont eu la générosité de m’aider à déménager une partie de mes affaires en voiture.

Tout cela s’est passé sans que j’y réfléchisse vraiment, trop occupée à profiter de mes amis en France et organiser ma vie là-bas. J’y suis donc partie sans trop d’attentes, ou d’angoisses. À vrai dire, je ne connaissais rien au pays, je n’y avais jamais mis les pieds avant et j’ai donc tout découvert sur le tas.

women travelling

Devenir étrangère


Cela peut paraître évident, mais en partant vivre hors de notre pays, nous devenons étrangers et ça change pas mal de choses. Je n’avais auparavant vécu l’expérience qu’en tant que touriste. Cela est complètement différent, car en vacances, nous sommes dans une position de spectateurs curieux, en dehors de la vie courante. En vivant à l’étranger, on se retrouve tout d’un coup confronté à une langue, une culture, des habitudes différentes. On doit tout d’un coup réapprendre à faire les courses, saluer quelqu’un, aller à la poste, prendre le bus… Bien qu’au Danemark les différences soient minimes, on se remet tout d’un coup dans une position de débutant. On observe, demande, reproduit pour tenter de comprendre ce nouvel environnement et s’y intégrer. Cela change aussi notre rapport aux autres. Les gens s’adressent à nous différemment, parfois pour nous aider, parfois pour faire comprendre qu’on dérange un peu. Avant d’avoir mon CPR number (le numéro d’enregistrement qui permet d’accéder à presque tout), je n’avais pas d’assurance santé ou je ne pouvais pas ouvrir de compte. Je n’étais pas du tout dans une situation difficile, simplement cela m’a permis de remettre les choses en perspective.

 


Être loin de chez soi


Cette année, la France a connu beaucoup d’évènements et notamment les attentats. Et même si l’on pourrait croire que c’est finalement mieux d’être loin lorsque de telles atrocités se produisent, beaucoup vous diront que le choc a aussi été terrible pour les expatriés. Je me souviens avoir eu besoin d’envoyer des messages à tout le monde par peur de manquer une information. J’avais besoin de rentrer, simplement pour serrer les gens dans mes bras. Je voulais être en France, avec tout le monde, communier avec les Français.



Mais une autre chose s’est produite. Pour la première fois, je me suis réellement sentie française. En étant loin de mon pays, j’ai compris ce que j’en aimais, ce qui me manquait. J’ai ressenti un sentiment d’appartenance et soulevé ce qui, dans ma personnalité ou ma vision des choses, était lié à ma patrie natale. J’ai même compris que j’y retournerais vivre un jour, pourquoi et avec une vision plus claire des opportunités que la France pouvait m’offrir. Cela m’a finalement donné du recul sur cet environnement dans lequel j’ai grandi. Je me suis rendue compte des chances qui m’avaient été offertes, remis en question certains aspects de mon pays, pour en avoir une vision plus objective, mais aussi plus globale.

 

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Rencontrer des gens de toute l’Europe


Mon master étant international, nous étudions avec des gens de tout horizon. Nous nous retrouvons tous, avec nos cultures et accents différents à travailler ensemble, sortir ensemble, vivre ensemble. Il faut tout d’un coup s’adapter à côtoyer des gens très différents, que l’on ne comprend pas toujours au premier abord. Puis viennent les discussions, les sorties, les rires. Il y a ces longs échanges sur les traditions, les habitudes, les perceptions et façons de faire de chacun. On découvre les clichés que l’on nous a appris les uns sur les autres, pour mieux nous en débarrasser. On parle de politique, de social et l’on apprend la situation de certains pays dont on entend moins parler, ou alors le point de vue des autres sur l’actualité. On s’ouvre, on compatit et à déconstruit certaines idées préconçues. On s’enrichit les uns les autres et on grandit ensemble.

 


La solitude


Bien sûr, on n’est pas toujours entouré et il arrive de se sentir exclu. Je suis actuellement en stage à Copenhague et mes collègues parlent toujours danois entre eux, ce qui m’empêche de participer aux discussions du quotidien. Je suis en collocation, mais il est difficile de rencontrer des gens, alors nous restons souvent entre nous. Je suis souvent seule, mais j’apprends à m’y faire. Petit à petit, on s’habitue à se balader et découvrir par nous-mêmes, à

s’ouvrir à l’inconnu, mais aussi à être son propre compagnon de voyage. Et finalement, cela fait du bien aussi de prendre du temps pour soi, de se créer ses moments simplement pour nous-mêmes. On se construit seul et plus seulement par rapport aux autres. Alors, on devient plus indépendant et on prend le temps de réfléchir à tellement de choses. Pour ma part, ces moments de solitude m’ont permis de faire le point, seule, sur mes envies professionnelles, mes projets, mes relations amicales et amoureuses. J’ai appris à mieux m’écouter, à prendre plus soin de moi et à faire le tri. Si cela peut paraître un peu nombrilisme, je crois que dans cette période où l’on se cherche encore, il est important de prendre du temps pour comprendre ce dont on a besoin. Bien sûr notre entourage peut nous y aider, mais le faire seul, en se détachant de notre environnement, met la lumière sur ce dont on a vraiment envie, sans pression, ou influence. Finalement, partir à l’étranger n’a pas toujours été facile et mon quotidien n’est pas une succession d’évènements et de rencontres si incroyables que cela. Par contre, en dix mois, j’en ai appris plus sur moi-même que ces trois dernières années. J’ai mieux compris qui j’étais indépendamment des gens et des lieux qui m’entourent. Je suis devenue quelqu’un de plus ouvert et bienveillant, avec moins d’apriori sur les gens. J’ai appris à m’adapter à de nouveaux environnements et de nouvelles situations, à me débrouiller seule, à apprécier la solitude. J’ai mûri des pensées, des philosophies de vie. J’ai moins peur de l’inconnu et apprécie le moment présent, en me souciant moins de ce qu’il pourrait arriver. Globalement, je crois que j’ai gagné en simplicité, en tranquillité et en bienveillance. Depuis, je le conseille à tout le monde et maintenant à vous. Si vous le pouvez, partez seuls à l’étranger. Pour quatre mois, pour deux ans ou pour toujours. Que votre expérience soit positive ou négative, que vous ressentiez le besoin de rentrer ou au contraire de ne jamais revenir, vous y aurez appris beaucoup sur vous, sur les autres et sur ce que vous pensiez acquis. Allez-y, vous avez tout à y gagner !

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Emilie Ragouet

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